Le mythe traditionnel de la cabane dans les bois s’estompe progressivement. Les maisons passives, positives et autres résidences inhabituelles apportent une nouvelle perspective à l’idée d’un habitat autosuffisant. Ces habitations sont connectées, respectueuses de l’environnement, mais surtout conçues pour favoriser le vivre-ensemble au sein de communautés écologiques. L’avenir de l’habitat autonome réside dans de nouvelles formes qui demeurent à ce jour inexplorées et à définir.

Le marché de la maison autonome : une croissance soutenue malgré les défis

Le marché de la maison autonome est en pleine expansion. Selon Olivier Colcombet, PDG de Digit RE, la hausse des coûts de l’énergie rend évident le développement des modèles d’autoproduction. Il est convaincu que le nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE) et la réglementation sur les passoires thermiques (qui interdira la location des logements classés G à partir de 2025 et F en 2028) joueront un rôle d’accélérateur pour l’immobilier « vert ».

Cependant, le prix de ces maisons reste un obstacle majeur à leur développement sur le marché. Romain Solenne, fondateur de la plate-forme immobilière Promy, reconnaît qu’une maison passive coûte en moyenne entre 20 % et 30 % de plus qu’une construction neuve traditionnelle. De plus, il faudra attendre de nombreuses années, voire des décennies, pour rentabiliser cet investissement, sachant que les ménages déménagent en moyenne tous les sept ans. Cependant, à en croire la société ECH Area spécialisée dans la rénovation de l’habitat, il vaut mieux une maison passive conçue dès le départ plutôt que rénover petit à petit en espérant devenir un bâtiment passif.

Le manque d’offres sur le marché constitue également un frein à la démocratisation de ce modèle. Seulement un faible pourcentage (moins de 3 %) de maisons autonomes sont commercialisées chaque année, même si de nombreux promoteurs utilisent l’habitat écologique comme vitrine ou laboratoire d’innovations. Cependant, la demande est présente et une nouvelle génération d’architectes, très préoccupée par l’écologie, s’investit activement dans ce domaine.

L’essor des maisons passives : une approche écologique incontournable.

L’habitat écologique s’est trouvé un modèle de référence avec la maison passive, caractérisée par une consommation énergétique inférieure à 15 kWh/m2/an, éliminant ainsi le besoin de systèmes de chauffage traditionnels au profit d’un simple appareil d’appoint. Ce concept novateur, développé en 1991 par un institut d’ingénieurs allemands, connu sous le nom de « passivhaus », repose sur des principes d’isolation, d’étanchéité et d’herméticité renforcés, ainsi que sur un système de ventilation mécanique contrôlée à double flux assurant un renouvellement d’air constant. À ce jour, en France, plus de 300 000 m2 de bâtiments, dont deux tiers sont des habitations individuelles, ont obtenu la certification passive.

Ivan Baudouin, directeur général de Positive Home, souligne les avantages indéniables de ces maisons passives : « Elles offrent un confort de vie exceptionnel en maintenant une température constante et uniforme, sans surchauffe estivale ni zones froides, tout en garantissant une excellente qualité de l’air intérieur ». Ce constructeur francilien s’engage pleinement dans l’autonomie de ses logements en privilégiant des approches « low tech ». Pour les projets axés sur la conservation de l’eau, des systèmes de récupération des eaux de pluie, de toilettes sèches et d’assainissement des eaux usées sont installés. En ce qui concerne la performance énergétique, le travail se concentre sur l’étanchéité à l’air, l’isolation et la protection solaire pour réduire les besoins énergétiques. Diverses solutions techniques sont ensuite envisagées, telles que les puits canadiens, les chauffe-eau solaires et thermodynamiques, ainsi que les rafraîchisseurs adiabatiques, décrit-il.