Face à l’augmentation significative des impôts fonciers dans de nombreuses grandes villes françaises, la réforme des valeurs locatives devient une nécessité pressante. Cet enjeu, souligné par Olivier Wolf, le DGS de la ville de Clichy-sous-Bois, met en lumière les défis et les implications d’une fiscalité locale en pleine mutation.

Dans un contexte où le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure, comprendre les facteurs de cette hausse et envisager des solutions adaptées est devenu crucial. Pour mettre en lumière cette problématique, on fait le point avec Sébastien Retaux.

Les facteurs d’une hausse marquée des impôts fonciers

L’escalade récente des impôts fonciers en France peut être attribuée à deux phénomènes principaux. D’une part, l’effet base, où les valeurs locatives cadastrales, qui servent de base à la taxation, sont ajustées annuellement en fonction de l’inflation. Pour l’année 2023, cette revalorisation a été de 7,1 %, un chiffre non négligeable.

D’autre part, l’effet taux entre en jeu. Bien que les élus locaux aient la possibilité de réduire ces taux pour compenser la hausse des bases, les réalités budgétaires actuelles rendent cette option peu viable. En effet, les budgets locaux sont déjà fortement impactés par des charges croissantes, notamment énergétiques, et par la nécessité d’investir dans des projets écologiques.

De surcroît, la suppression de la taxe d’habitation a eu pour conséquence de concentrer la charge fiscale sur les propriétaires, exacerbant ainsi la pression fiscale sur cette catégorie de contribuables. Cette situation soulève des inquiétudes quant à la capacité des propriétaires à supporter cette charge accrue et risque de mener à un cycle d’exonérations et de charges étatiques croissantes, voire à la suppression de l’impôt.

Vers une réforme nécessaire et complexe

La réforme des valeurs locatives apparaît comme une solution impérieuse pour répondre à cette problématique fiscale. Le rapport de la Cour des comptes de janvier 2023 souligne la complexité et l’obsolescence du système actuel, basé sur des paramètres immobiliers datant d’il y a cinquante ans. Malgré cette urgence, la révision de ces bases a été reportée à 2028, prolongeant ainsi les défis actuels.

Plusieurs approches sont envisagées pour moderniser ce système. L’une d’elles consiste à s’appuyer davantage sur le marché des transactions immobilières pour évaluer les propriétés. Cette méthode pourrait inclure l’indexation des valeurs locatives sur les prix moyens des transactions immobilières ou la combinaison de différents référentiels pour affiner les évaluations.

Aussi, la réforme doit tenir compte de la capacité contributive des résidents, en intégrant potentiellement une composante de revenu dans l’assiette de l’imposition locale. Cette démarche vise à équilibrer l’équité fiscale et la capacité des contribuables à supporter l’impôt.

Effectivement, la transition vers un nouveau régime fiscal ne sera pas sans défis, notamment en raison des redistributions inévitables entre gagnants et perdants. Une solution pourrait résider dans une approche décentralisée, laissant aux autorités locales la latitude de décider de l’application des nouvelles valeurs locatives. Cette stratégie pourrait atténuer l’impact politique de la réforme et faciliter son acceptation par les contribuables.